samedi 24 novembre 2012

Article sur rugby31.fr


Reportage - "Pierre à l’édifice", une association qui porte bien son nom

Rugby31 est parti à la rencontre de Pierre Bellemere, fondateur de l’association "Pierre à l’édifice", pour vous faire voyager mais également pour vous prouver qu'encore une fois, notre sport est porteur de grandes valeurs qui s’exportent très facilement à l’étranger. Fraîchement revenu d’Inde, Pierre nous explique en quoi consiste son association et les actions qui y sont associées. Une bien belle initiative ! (par M.-E. O.)

Pierre, comment est née l'association "Pierre à l’édifice" ? 
L'idée a germé dans ma tête au retour de ma première mission en Inde où j'avais entraîné l'équipe de Bangalore dans le Sud du pays. Je voulais alors aller dans le même sens donc j'ai passé ce diplôme qui pouvait m'apporter des connaissances là où j'avais eu des lacunes lors de mon premier séjour. Pendant ce diplôme, j'ai partagé ma volonté de repartir avec mes différents professeurs qui m'ont conseillé et encouragé à monter mon association pour légitimer mon action. 

Justement, présente-nous là... 
"Pierre à l'édifice" est une association loi 1901 dont je suis le président et dont mon père est le secrétaire. Le but de l'association est de développer le rugby à l'étranger et de favoriser l'ascension scolaire et sociale via les valeurs du sport. L'association souffre pour l'instant de volontaires. Plusieurs personnes sont au conseil d'administration, conseillent et soutiennent les projets, mais je suis le seul à exécuter les missions. 

Pourquoi as-tu choisi l'Inde ? 
En 2008, quand j'y suis parti, c'était en réponse à une offre pour entraîner un club. J'y suis allé un peu au culot et ça a plutôt bien marché. Là-bas, j'ai appris beaucoup de choses, j'ai beaucoup aimé le pays et je me suis pris une énorme claque par rapport au niveau de vie des personnes, de leurs sacrifices quotidiens et accessoirement leur place dans la société. Je me suis rendu compte que le rugby pouvait leur apporter un petit plus en leur permettant d'avoir une meilleur estime d'eux-mêmes et de leur permettre de s'élever un peu socialement et scolairement via les valeurs du sport. C'est pour ça qu'une fois l'association créée, je me suis dirigé vers l'Inde connaissant du monde là-bas. J'ai pris en charge les entraînements des différentes équipes du club avec lequel je travaillais (Delhi Hurricanes Rugby Football Club). J'ai donc entraîné les seniors et les féminines, créant rapidement une école de rugby et lançant un programme avec une ONG qui travaillait avec des enfants en échec scolaire. Je me suis également occupé de la communication du club, de la recherche de partenaires, de l'introduction du rugby dans les écoles et de l'organisation d'événements. J'ai fini ma période en Inde en entraînant l'équipe nationale indienne féminine de rugby à VII pour le tournoi qualificatif à la Coupe du monde. Ça a été une super expérience ! 

Combien de temps a duré cette action ? 
Je suis parti du 5 septembre 2011 au 29 février 2012 et du 1er juin dernier au 8 octobre avec un intervalle me permettant de refaire mon visa.

Quel bilan tires-tu de ta mission ? 
Sportivement déjà, le club a été sacré pour la première fois de son histoire champion national de rugby à VII, les féminines ont décroché leur accession à la première division nationale en atteignant la finale de la deuxième division, huit hommes du club ont porté le maillot de la sélection nationale et pour la première fois, une fille. Le club est passé de 70 personnes jouant au rugby à près de 300 en comprenant les écoles et ONG. Néanmoins, le rugby reste un sport mineur en Inde, écrasé par le cricket qui est très puissant et qui absorbe tous les sponsors. Il est donc très compliqué pour tous les autres sports de subsister à côté de ce géant. Les sponsors se font rares et les financements sont quasi-inexistants. De plus, le gouvernement n'a pas de politique pour encourager le sport avec très peu d'espaces sportifs et encore moins d'aides des institutions. Je pense qu'à mon niveau, j'ai fait le maximum. Si j'avais voulu faire plus, il m'aurait fallu des financements difficiles à avoir. Donc je suis relativement satisfait de ce que j'ai fait même si on peut toujours faire mieux ! 

Quelles sont les perspectives à court et moyen termes de l'association ? 
Je vais peut-être envoyer une personne volontaire en Inde pour une nouvelle mission, mais c'est loin d'être fait. Sinon personnellement, j'ai aujourd'hui 24 ans et je ne peux plus trop me permettre de parcourir le monde pour développer le rugby volontairement et sans revenu. Donc à l'heure actuelle, je suis à la recherche d'un emploi. Je me suis rapproché de la Fira et de Jean-Claude Baqué pour étudier la possibilité de partir en Europe de l'Est pour travailler au sein d'une fédération locale au développement du rugby. Je pourrais ainsi continuer le but de mon association là-bas. Sinon, je recherche via d'autres associations, j'essaye de faire marcher mon réseau personnel, mais il est toujours difficile de trouver un emploi qui rémunère dans le rugby. J'envisage peut-être à court terme, de ne pas repartir, de trouver un emploi alimentaire et de faire peut-être des missions ponctuelles d'un ou deux mois une fois par an. Bien entendu, si des volontaires sont prêts à tenter l'aventure, je suis prêt à les encourager, et les soutenir via l'association. Mon but est qu’elle s'affranchisse de moi car il est vrai qu'aujourd'hui, si je ne suis pas là, il n'y a pas d'association. 

Comment en es-tu arrivé à entraîner en Inde ? 
J'ai toujours proposé d'entraîner. C'est même une grande partie du travail car le but de l'association est entre autre de promouvoir l'ascension sociale. J'ai fait devenir des joueurs du club champions nationaux et joueurs internationaux. Si ce n'est pas une promotion sociale ça ! Même si concrètement rien ne change réellement pour eux, le regard des gens change, tout du moins ceux qui les connaissent. Des articles sont rédigés sur eux, et ils ont une meilleure estime d'eux-mêmes, ils se sentent importants. Le fait de développer l'équipe senior permet de développer un sentiment d'appartenance à un groupe et crée un but, un objectif, pour les jeunes qui commencent le rugby. Ils connaissent "les grands", ceux qui jouent en équipe d'Inde et veulent ainsi les imiter. Même si ce n'est pas grand-chose concrètement, cela leur permet parfois d'oublier leur condition, de rêver et de se sentir dans un groupe, une famille. 

Propos recueillis par M.-E.O. 


Pierre Bellemere, le digest
Né le 26 février 1988 à Athis-Mons (91). 
Troisième ligne aile 
Clubs : Villefranche-de-Lauragais (1994 à 2007), Espoirs de Montpellier, Lunel, Villefranche-de-Lauragais. 
Titulaire d'un bac littéraire (Lycée Bellevue) et d'un Deust Action et Commercialisation des Services Sportifs (UFR Staps de Montpellier), un diplôme professionnalisant passé en deux ans et visant à apprendre les bases pour créer et gérer des structures sportives. 

mardi 23 octobre 2012

Pune 7's: Le tournoi.

C'est donc avec 2 semaines d’entraînements et des filles qui en plus de ce tournoi n'ont qu'un seul tournoi dans l'année avec leur club qu'on va disputer ce tournoi qualificatif à la Coupe du Monde.

Du fait que ce tournoi ait cet enjeu, toutes les équipes sont venues pour gagner le tournoi ou tout du moins truster une des 3 première places significatives de qualification pour Moscou. Parmi les têtes de séries: le Fiji (qui a été reversé dans ce tournoi après avoir obtenu le 4ème place de la zone Océanie), le Japon (qui a battu les championne du monde Australienne deux semaines avant le tournoi), la Chine (tenante du titre) et le Kazakstan (finaliste l'an passé). Il y a 15 équipes, 3 poules de 4 et une poule de 3, les deux premières de chaque poules sont reversées en quart de finale de la Cup et les autres équipes iront disputé la Bowl et la Shield. Manque de chance, on est dans la poule de 3 avec le Japon et Hong Kong, soit  le tirage le plus dur possible (Hong Kong sans être favori fait figure de outsider).

Avant de commencer le tournoi, je sais que le point faible de mon équipe est la vitesse, les filles ne sont pas rapides et ça peut nous porter préjudice, mais j'ai bon espoir qu'elles jouent avec leurs coeur et leurs tripes pour arriver peut-être pas à battre mais tout du moins à faire douter ces deux mastodontes en face de nous.

Après s'être installé à l'hôtel, je vais assister avec ma capitaine à la conférence de presse d'avant tournoi, avant que cette dernière ne commence, des journalistes indiens sont venus me poser des questions sur le rugby en Inde, je leurs disais alors qu'on avait beaucoup de problèmes financiers et qu'on manquait de compétitions plus d'autres choses, c'est alors que la conférence de presse s’apprêtait à commencer. Les personnes de l'IRB, de l'ARFU, et de l'IRFU ont dit leur joie de recevoir un tel tournoi, puis vint le tour des journalistes. Ces derniers ont repris toutes mes réponses pour demander aux responsable de l'IRFU si c'était vrai... J'étais un peu gêné, mais ça m'a fait rire, voilà le risque qu'ils prenaient à me nommer à un tel poste! Les journalistes n'ont posés aucunes question sur le tournoi soit dit en passant! Plus chauvin qu'un français? Un indien!


S'en est suivi la réunion des coachs et managers, puis celle des arbitres. Le soir on dîne bien et on ne se couche pas trop tard, samedi on donne le coup d'envoi du tournoi à 9h00 contre Hong Kong.


A partir de 5h45, les filles vont voir la kiné qui nous accompagnent pour faire leur straps, à 7h45 on quitte l'hôtel pour le terrain. Peut-être à cause de la pression, de l'enjeu ou je ne sais quoi, mais j'ai fait un discours aux filles qui leur a mis la pression, j'ai parlé de l'importance de leur place, de ce que ça représentait au lieu de dédramatiser la situation, elles avaient assez de pression par elles-même.

Les filles se changent, on fait l'échauffement, et le tournoi commence. Pendant toute la première mi-temps on a la possession du ballon mais on est stérile, on n'apporte pas le danger, et Hong Kong, sur 3 ballons marque 3 essais, c'est frustrant! La seconde mi-temps est tout aussi dur, on souffre au niveau vitesse, et notre défense est aux abois. Résultat 36-0... Score logique tellement la différence de niveau et d’expérience était flagrante! Et qui plus est c'est dur de dire aux filles que l'on va faire mieux ensuite en sachant qu'on va jouer contre le Japon... Les filles ont tout de même fait preuve de courage, et n'ont pas lâché le match.


Le match contre le Japon se fait 2 heures après et le score sans appel de 49-0 traduit la différence de niveau, on ne joue décidément pas dans la même cours! Les filles sont déçu, mais je leur dit que le lendemain on jouerait à notre niveau contre des équipe de notre niveau, qu'aujourd'hui ce n'était pas pour nous. On finit la journée en spectateur, la Chine, les Fiji et le Kazakhstan sont en place, le Fijienne étant les même que les hommes, déjà physiquement et ensuite dans le jeu, elles font des trucs de fou qui marche de qui plus est!


On finit la journée un peu déçu mais en espérant que le lendemain on pourra redresser la tête! Le match pour le quart de finale de la Bowl sera contre la Malaisie encore une fois à 9h00.

Ayant appris de mes erreurs et après avoir discuté avec les filles, la préparation est totalement différente. Au coup d'envoie les filles sont mobilisées, elles commencent bien le match mettant une grosse pression en défense et en conservant la balle. On reste tout de même assez stérile n'apportant que trop peu de danger de part notre manque de vitesse. En seconde mi-temps on finit par marquer un essai récompensant nos effort, cet essai constitue une libération. Le match se finit sur le score de 5-0, ça n'a peut-être pas été le plus beau match de rugby mais ça reste une victoire et que la victoire est belle! On se félicite, cette victoire rassure quand à notre potentiel et montre qu'on peut jouer au rugby et ça contredit les journaux du matin qui avait parlé d'une équipe ne savant pas de quoi parlait ce sport.

Pour la demi finale de la Bowl, on est opposé aux voisines Sri Lankaise, c'est dessuite un autre niveau, elles ne sont pas très costaud mais très rapide, là encore notre manque de vitesse se fait voir, on perd 33-0, score dur et qui ne reflète pas tant le match que ça.

Pour le dernier match de notre tournoi, on rencontre l'équipe d'Iran pour la 11ème place. Les Iraniennes ont la particularité de jouer voilées, elles ont un super état d'esprit, chantent en permanence, sont vraiment courageuses sur le terrain et encouragent toutes les autres équipe. Ce match s'annonce très intéressant. Les filles sont sur-motivées, je ne fais pas trop tourné mon effectif ayant trouvé un équilibre avec 7 filles. En attendant que le match d'avant se finissent, les deux équipes attendent alignées sur le bord, c'est à ce moment que je vais serrer la main de l’entraîneuse Iranienne... Chose à ne pas faire question de religion, c'est un peu pataud que je m'excuse en comprenant ma maladresse. Les Iraniennes chantent des chansons pour se motiver, c'est à se moment là que les indiennes se mettent en rond se tenant par les épaules et commencent à chanter l'hymne indien. La tradition indienne veut que quand l'hymne national résonne tout le monde se lève, arrête se qu'il fait, se tait et reste immobile: tous les indiens dans les tribunes et dans l'organisation se sont alors arrêté, comme si on se retrouvait au milieu de statues, le temps s'est arrêté autour de nous et des filles qui chantaient, c'était assez impressionnant! Le match se finit, les chants cesse, il est temps de rentrer sur le terrain. Le match commence, c'est équilibré, mes filles plus puissantes avances sur les impactes mais les iraniennes ne lâchent rien et font marcher leur vitesses, on se fait déborder deux fois, le score à la mi-temps est 10-0. 2 minutes avant les citrons, j'ai senti une première goutte, puis une seconde et à la mi-temps, ce n'était pas une légère pluie qui tombait sur nous mais un vrai déluge, le tout poussé par le vent qui s'était levé aussi, de vrai conditions chaotiques. Je retrouve alors les filles qui avaient la tête basse, et leur demande alors simplement: "Sont-elles meilleures que vous?" Et la de concert, elles me répondent "NON!", alors je leur demande de me le prouver, de me le montrer, de jouer! On reçoit le ballon en début de seconde mi-temps et  on ne le relâchera plus, c'est à se moment qu'on ne fait plus un seul en-avant, qu'on met du rythme, qu'on déplace le jeu et je jeu paye, on marque un essai puis un second, on est revenu dans le match on mène 12-10! Il reste 10 seconde à jouer, je conseille alors à la fille qui donne le coup d'envoie de le taper loin pour mettre la pression et occuper le terrain (là a été mon erreur!), les Iraniennes conservent alors la balle, elles ne le tombent pas, créent un regroupement au centre du terrain, et nous mal réorganisés en défense, une Iranienne prend le ballon et nous contourne et va finir dans l'en-but. Score final 17-12... C'est vraiment dur car on y a vraiment cru et qu'on tombe après s'être relevé!





Malgré tout, ça reste une victoire quand même, on a réussi à revenir dans le match et on a montré qu'on savait jouer au rugby et qu'on pouvait procurer aux gens du bonheur, car pendant cette mi-temps, toutes les tribunes du stade étaient en feu et tout le monde nous supportait et vibrait avec nous. J'ai réuni les filles après le match et je les ai remercié, car même si on ne termine que 12ème du tournoi, on n'aurait pas pu faire beaucoup mieux, 11ème au max, en sachant que le Sri Lanka a finit 10ème. Je pense qu'en deux semaines on a pu faire une équipe qui certes n'était pas la meilleur du monde mais au moins on a réussi à prendre du plaisir ensemble et sur le terrain et je pense que c'est le plus important, et pour tous les indiens et journaliste qui était présent sur ce dernier match, ils ont eu de quoi être fier de leur équipe et ils peuvent être sur que cette équipe à tout donné pour eux.

Personnellement, j'ai été heureux d’entraîner ces filles, tous les parents des filles sont venus me remercier chaleureusement car visiblement les filles leur ont parlé en bien de moi. Ça restera une super expérience  j'ai franchement beaucoup appris lors de ces deux semaines.

Le tournoi s'est fini par une soirée entre toutes les équipe et biensur c'est les indiennes qui ont mis l'ambiance en incitant toutes les équipe à venir danser avec elles. Elles m'ont offert pour l'occasion une jolie "Kurta" (chemise longue indienne).



Le lendemain je devais partir à 7h00 pour l'aéroport de Bombay, et toutes les filles de l'équipe se sont levées pour me dire au revoir, l'émotion était présente...

Vous pouvez aussi suivre le projet sur Facebook sur Pierre à l'édifice ou sur Twitter @PierrealEdifice.

Pune 7's: La préparation.

Voilà 2 semaines que cet article aurait du être écrit mais je n'ai pas pris le temps, je n'ai pas franchement d'excuses mais bon, mieux vaut tard que jamais!

Je vous laissais au 17 septembre avec une bonne nouvelle, à savoir ma nomination en tant qu’entraîneur de l'équipe nationale indienne de rugby féminin, afin de préparer et participer au Pune 7's, tournoi qualificatif pour la zone Asie à la Coupe du monde de Rugby à 7 qui se déroulera à Moscou en 2013.

Après très peu d'hésitation j'avais pris le poste, ce qui voulait dire que je devais repousser mon retour qui était prévu le 24 septembre au 8 octobre. Rentré le lundi matin sur Delhi, il m'a fallu plier mes affaires en vitesse et faire mes adieux à toutes ces personnes que j'ai fréquenté pendant près d'un an. Le vendredi matin je m'envolais pour Pune (à prononcer Pouné) pour retrouver les filles qui avaient été rassemblé pour le camp. Elles sont arrivées depuis mercredi et prises en charge par un dénommé Vikas que je ne connais pas et qui sera mon assistant.

Au début j'angoissais car un camp est toujours quelque chose d'intimidant, vais-je avoir le niveau? Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire avec ces filles que je ne connais pas du tout pendant deux semaines? Je ne stressais pas mais je me demandais où est-ce que j'allais.

J'arrive à 11h30 au Balewadi Complex, qui est un immense complexe qui a reçu les Jeux du Commonwealth Junior en 2008, il y a donc plein de stades et autres gymnases consacrés au sport, beaucoup de fédérations organisent des camps ou compétitions dans ce complexe, c'est d'ailleurs sur le stadium principal que se déroulera le tournoi, en attendant je retrouve les filles sur le terrain d'échauffement d'athlétisme: elles sont beaucoup (35!) et font des exercices de renforcement musculaire menés par le fameux Vikas. Je ne dérange pas la séance, je me contente d'observer. Les filles de Delhi sont toutes contentes de me voir et n'écoutent plus trop les consignes... L'entrainement se finit 30 minutes plus tard, c'est alors ma première prise de parole,  je reste simple mais les prévient que l'on a beaucoup de travail. J'ai pour objectif de faire rapidement un match pour évaluer les niveaux et des tests physique pour voir l’état des filles.


Vikas m'accompagne ensuite à mon logement, qui est juste à côté du complexe, c'est une résidence pour les sportifs avec des chambres pour 2 ou 3, j'ai une chambre pour moi tout seul, il y a de l'eau chaude, le lit est confortable, la grande classe quoi! On va ensuite à la cantine où l'on retrouve les filles qui déjeunent, premier d'une longue série de repas composé de riz, dal et autre bouillis de légume. Je profite du repas pour manger avec des filles de l'équipe pour faire connaissance.


Beaucoup de filles viennent de Pune qui est la "capitale" du rugby féminin dans le pays, elles viennent d'être sacrées championnes nationale pour la troisième années de suite, il y en a 8 dans le groupe, il y a 6 filles de Bangalore (champion de 2nde division), 5 de Delhi, 4 de KISS (Orissa) et de la Police de Bombay, 3 de Jungle Crows (Calcutta), 2 de Bhubaneswar, 1 du Kerala et de Bombay Gymkhana, donc on peut dire qu'il y a des filles de toute l'Inde ce qui est bien.

L'après-midi je me promène dans le complexe et c'est là que je prends un peu conscience de l'importance de mon rôle, lorsqu'avec de jeunes athlètes qui étaient assis se relaxant et discutant avec moi normalement, au moment où j'ai dit que j'étais l’entraîneur de l'équipe d'Inde, ils se sont levés d'un bond pour se mettre au garde à vous et disaient des "Sorry Sir, Sorry Sir". Même si le respect des aîné et de la hiérarchie est important, en Inde c'est vraiment "too much", et ceci n'est qu'un exemple parmi tant d'autre, et cela en devient même stupide par moment, bref cela est un autre débat.

Donc l'après-midi, j'ai mené ma première séance d'entrainement, ne sachant pas trop où j'allais, j'ai voulu travailler un basique du rugby, indispensable à 7: la passe. Et bien ce n'est pas gagné! Mais au moins je sais à quoi m'attendre, des filles n'ont clairement pas le niveau, d'autre sont légèrement au dessus, enfin il y a de quoi travailler pour tout le monde.

Le soir, après le dîner, j'instaure le rendez-vous quotidien pour parler de la journée, de ce qui va et ce qui ne va pas. Et après cela, selon les soir, on faisait des petits jeux, des sessions vidéos, arbitrage, questions sur les connaissances du jeu.

Le jours d'après, vu que le terrain était occupé par une compétition d'athlé, on est allé à la piscine à 11h, c'était l'occasion pour certaine de se baigner pour la première fois! Après la compétition, à 17h on a fait un match pour évaluer le niveau des filles. Clairement elles jouaient à XV, on n'a pas vu beaucoup d'action Sevens, ce sera beaucoup plus simple quand on aura moins de filles, en attendant on va travailler le physique et les basiques du sport.


Le lendemain, je participe à une conférence de presse avec le Président de l'IRFU où je suis appelé à parler aux journaliste, c'était assez marrant et je pense m'en être plutôt bien sorti.


Le camp se poursuit tranquillement, l'ambiance est bonne, je connais au fur et à mesure le nom de toutes les filles. Le jour après le match, on organise des rendez-vous individuels pour faire connaissance avec les filles, leurs dire ce qu'on a pensé de leur match, leurs donner des objectifs et des "Wake Up Call" pour celle qu'on estimait un peu en dessous du niveau requis. Le lundi avait lieu les tests physiques qui se composaient d'un 60 mètres, du max de pompes en 1 minutes, du max de rabats de jambes tendus en 1 minutes aussi, d'un triple saut sans élan et pieds joints et d'un 2400 mètre, la première de chaque épreuve recevait 1 point et la 34ème 34 points le but étant d'avoir le moins de points possible. Les deux premières ont finit avec 34 points chacunes et la dernière 162 points...

Avec les résultats des matchs et du test physique on a déterminé notre première liste, le groupe va être réduit à 22 membres, donc 12 devront faire leurs bagages, c'est dur mais c'est comme ça. On a prévu l'annonce le mardi soir. Justement ce soir là, toutes les filles ont été invité par une filles du groupe -qui habite la ville- chez sa famille pour un Pooja  (cérémonie religieuse) pour le Ganpati (fête en l'honneur de Ganesh, le dieu à la tête d'éléphant). Les filles se sont bien amusées une dernière fois ensemble et à notre retour ça n'a pas été facile de dire à certaines que c'était fini pour elles.


Résultat après le premier cut: 8 filles de Pune, 4 de Delhi et de Kiss, 3 de Bangalore, 1 de Jungle Crows, de Bhubaneswar et de la Police de Bombay. La semaine qui a suivit a vraiment été géniale car on a pu bien bosser, les filles posaient en permanence des questions et l'ambiance dans le groupe était très bonne, après 3 jours on a refait un match pour voir les progrès et là on commençait à voir un rugby qui se rapprochait du Sevens.

Ma relation avec Vikas a été très bonne, lors des entretiens individuels on était assez complices et chacun employait un levier différent pour faire parler les filles aux sensibilité différentes. Sur le terrain, il servait de traducteur, et en même temps, il n'hésitait pas à me dire quand il n'était pas d'accord avec moi ce qui faisait avancer le débat.

On a refait des entretiens après le match et on a fait un autre test physique (le bip test ou Luc Léger qui consiste à faire des aller/retour entre 2 points séparés de 20 mètre de plus en plus rapidement) et ces indications nous ont aidé à faire notre dernière liste. Il nous fallait alors passer de 22 filles à 12, et là le choix a été dur, 6 filles n'avait pas le niveau mais il y avait 8 filles en balance  pour 4 places.

Avant la sélection, j'ai invité toutes les filles au cinéma voir un film Bollywood (Barfi, mon premier Bollywood en deux ans (ne vous inquiétez pas je ne me suis pas ruiné à 80cts le ticket!). Et le lundi soir je donnais la liste, là les filles pas sélectionnées n'ont pas pu retenir leurs larmes, c'était assez dur, mais j'ai tenu à leur expliquer à toute mon choix. J'ai ensuite responsabilisé les autres afin de les faire assumer leur place et respecter les filles non-sélectionnées: elles  doivent donner tout!

Liste finale: 7 filles de Pune, 2 de Kiss, 1 de Jungle Crows, de Bhubaneswar et de ... Delhi!

Les jours qui ont suivi ont consisté en des mises en places il fallait régler les dernier détails, ensuite, on a été invité dans un centre commercial pour faire la promo du tournoi, le lendemain on passait à la radio pour parler de la même chose, c'était sympa, et ça a permis aux filles de se resserrer.


Le vendredi avant le tournoi, on était prêt autant qu'on puisse l'être en deux semaines, on change d'hébergement pour un hôtel grand luxe, on se mélange aux autres équipes qui sont là pour le tournoi, les réunions de pré-tournoi sont annoncées, la préparation est terminée: place au Tournoi!

Plus de photos ICI.

lundi 17 septembre 2012

Suite et fin du tournoi


Peu après le match contre l’armée, on nous apprend que l’on joue deux jours plus tard sur un terrain annexe contre l’équipe B des Jungle Crows, ça fait 3 matchs en 4 jours c’est pas mal ! Moi qui avait dit à mes joueurs qu’ils auraient du temps libre je dois les re-rassembler ! 

Donc nous voilà mercredi matin à tous prendre le taxi pour aller à l’autre bout de la ville, je ne prévois pas de jouer pour reposer mes jambes qui n’avaient plus l’habitude de courir ! 

Là on arrive sur le terrain et c’est vraiment une plaisanterie : c’est un terrain militaire avec des poteaux de foot. Et depuis 18 ans que je fais du rugby je pense que c’est le pire terrain que j’ai jamais vu ! 

Commençons par le centre du terrain : c’est dur comme la pierre et sans herbe, c’est l’endroit du « pitch » de cricket, un endroit supposé sec pour lancer la balle, quand on s’éloigne l’herbe arrive mais elle est vite noyée par la bouillase, tellement qu’au niveau des 22 mètres cette fange retenait des mares d’eau… verte… Continuons, en arrivant dans l’en-but, surprise le terrain descend de 20 cm vers des herbes hautes qui arrivent mi-jambes…

Après cet examen et entretien avec le coach de l’autre équipe, on est d’accord pour refuser de jouer sur le terrain pour des raison d’abord de décence mais surtout de sécurité. Les membres de l’organisation insistent pour que l’on joue me disant un aparté que ce serait une formalité pour mon équipe de gagner. Ce n’est pas la victoire que je cherche là, c’est la sécurité de mes joueurs ! On décide de rédiger une lettre conjointe avec l’autre entraineur en cas où ils nous forceraient à jouer. Pendant ce temps les officiels attendent les encore plus officiels pour prendre une décision. Après 20 minutes les arbitres britanniques et les officiels de l’IRFU apparaissent sur le terrain. Les arbitres avec lesquels j’ai sympathisé sont mort de rire à la vue du terrain et me font des faces qui vont dans le sens de ma décision, après discussion, nous n’avons pas à donner la lettre le match est reporté au vendredi matin 10h (la finale étant le samedi). Je profite quand même d’un terrain de cricket juste à côté qui était un peu plus décent pour faire courir mes joueurs.

La veille Jungle Crows qui nous a battu au premier match s’est qualifié pour la demi-finale.

Donc nous voilà de retour le terrain « officiel » le vendredi matin, ils ont bâchés le milieu de terrain ce qui ne l’empêche pas d’être une vrai pataugeoire. Le reste du terrain est acceptable, le match va se jouer. 
Rapidement mes joueurs prennent l’ascendant prouvant qu’ils n’ont rien à faire dans ce tableau. A la mi-temps, on mène 26-0. C’est à ce moment que je décide de faire tourner mon effectif pour reposer mes cadres en prévision du match du lendemain… Et là c’est le drame : en indiquant à un de mes joueurs « vedette » qu’il sort au profit d’un autre qui n’a joué que 5 minutes depuis le début du tournoi il s’emporte, disant qu’il ne sortira pas, que je dois en sortir un autre, là je suis vraiment surpris mais au fond le personnage est dans son rôle, c’est un gars qui a beaucoup d’égo et qui ne se prend pas pour un moins que rien. Donc je le raisonne mais il ne veut rien entendre, c’est à ce moment que Dave prend la parole et dit que c’est inacceptable, que je suis le coach et que l’on doit respecter mes choix. La l’indien dit qu’à cause de mes choix on a perdu le premier match (ça fait mal), et il dit ensuite « ok je sors mais je suis blessé pour le prochain match !». C’est dur d’enchainer là-dessus, je fais mon autre changement et laisse l’équipe. Je m’en vais directement parler avec ce gars pour lui demander ce qu’il lui prend, c’est une vrai tête de mule, il ne veut rien entendre.

La seconde mi-temps est anecdotique, les jeunes d’en-face étant fatigués, on déroule et on finit par 

s’imposer 57-0 plus gros scores du tournoi.

Pour le discours d’après match, je félicite les joueurs pour leur sérieux et les gars qui sont rentré pour leur niveau, j’ajoute que le comportement de la mi-temps du centre est inacceptable, et qu’à moins qu’il ne s’excuse devant tout le monde à moi et au groupe il ne jouera pas le prochain match. Tu te demandes après cet épisode à quoi tu as servi pendant un an avec tes valeurs du rugby, cet épisode en lui-même allait contre tout ce que j’essaye d’amener…

Bref, on est en finale de la consolante contre l’équipe de la police de Bombay qui est une équipe physique qui a un jeu stéréotypé autour de son 10 qui fait jouer ses avants.

Jungle Crows s’est fait battre par l’Armée Rouge la veille 40-8 et fini 3ème du tournoi, Bombay Gymkhanna battant dans l’autre demi-finale la police de Calcutta 40-3 (les deux finalistes avaient bénéficié d’un BYE en quart et n’avaient donc pas joué depuis dimanche alors que les perdant avaient joué le mardi…

L’après-midi, une réunion non-officielle de l’IRFU est organisée permettant à qui le veut de venir et échanger avec eux, ce à quoi je prends part avec plaisir. Et dire que je n’ai pas arrêté de poser des questions lors de la réunion serait exagéré mais je me suis fait entendre. Enfin les réponses étaient toujours les même et tournait autour de l’aspect financier, à croire qu’il n’y a que l’argent dans la vie… Finalement j’ai fait mes adieux à l’IRFU et tous m’ont remercié pour mon travail effectué, deux club m’ont même demandé si j’accepterais une proposition de leur part, ce à quoi j’ai répondu à l’affirmative, indiquant que désormais je cherchais un salaire, donc il faudrait accompagner la mission par un emploi qui puisse me financer.

Le soir je vais au cocktail des coachs et capitaines, tout ça est bien policé, et avec Gautam on décolle après une heure de dialogues pas franchement francs du collier.

Samedi, c’est le jour de notre finale, le coup d’envoi est à 13h30, et comme toute finale, la journée est longue. On arrive sur le terrain à 12h20 et j’indique à mes joueurs que l’on sortira des vestiaires à 12h45, mes gars sont décontractés, c’est normal ça n’est pas la grande finale et ce n’est pas notre objectif primaire mais je sens qu’ils vont faire un bon match. Personnellement je joue, prêt pour mon dernier match avec le club. De son côté le rebel de la veille était venu me trouver dans ma chambre pour s’excuser, et s’est ensuite excusé auprès de l’équipe. 12h45 on sort, et c’est à ce moment-là qu’un orage éclate avec une pluie diluvienne et des éclairs partout. Lorsque je remplis la feuille de match avant de rejoindre mon groupe pour son premier tour de terrain on me dit que le match est en fait à 13h45… Cela mets tout mon planning à l’eau (jeu de mot de circonstance !), je signale à mes joueurs d’aller se mettre alors à l’abris ça ne sert à rien que l’on s’épuise trop tôt. Pendant cette attente dans les vestiaires, l’orage redouble et à 13h05 quand je commence à resserrer mes joueurs dans le vestiaire les officiels nous font appeler. Après 150 mètres sous la pluie qui ont suffit à nous tremper on retrouve les officiels au sec, ils nous signalent qu’en raison de l’orage et pour conserver le terrain pour la finale, ils annulent notre match… Je demande, si j’ai une chance de les faire changer d’avis mais visiblement non… C’est vraiment frustrant !

Je retourne aux vestiaires la mort dans l’âme annoncer ça au joueurs qui même si ils sont globalement déçu le prennent plutôt bien et s’en vont serrer les mains de nos adversaires du jours. On se rechange et on va commencer la 3ème mi-temps plus tôt donc !

La pluie arrête de tomber vers 14h30, la finale entre l’Armée Rouge (tenante du titre depuis 5 ans) et Bombay Gymkhanna se jouera à 15h30. 

Pendant le match on met un peu l’ambiance, Thomas un ami français de Delhi qui était venu juste pour nous voir en finale joue de sa trompette, Paul chambre les équipe et on boit des bières en même temps, ambiance rugby quoi !

Après un match à suspense et dans la boue, Bombay Gymkhanna fait tomber le champion 7-0. Ils ont la particularité d’avoir fait venir pour la compétition seulement deux joueurs néo-zélandais à qui ils ont payé les billets d’avions et qu’ils dédommage financièrement…

A la fin du match, un de mes joueurs amène à moi un membre de l’IRFU que je connais plus par mail que directement, ce dernier me demande quand je pars pour la France, quand je lui dit que je pars le 24, il me demande si je peux repousser le vol, ils voudraient que je prépare et entraine l’équipe nationale féminine indienne pour le Pune 7s qui est un gros tournoi qualificatif  à la coupe du monde de rugby à 7 à Moscou… C’est une surprise, mais une bonne surprise ! Je ne sais pas quoi dire sur le moment, je demande un peu de temps de réflexion, et il est vrai que c’est une super opportunité, pour mon parcours, je ne suis pas sûr que cela se reproduire encore. Donc après en avoir parlé autour de moi, c’est unanime et décidé j’accepte la proposition ! Je devrais donc quitter Delhi plus tôt (jeudi) pour Pune qui est une ville proche de Bombay pour un camp du 20 septembre au 5 octobre, le tournoi étant les 6 et 7 octobre, je rentrerai en Europe le 8 ou 9.

La soirée s’est déroulée comme une 3ème mi-temps, je garderai les détails pour moi, seulement le réveil à 6h le lendemain matin pour prendre le train a été dur !

Voilà mon aventure va se prolongé et je vais essayer de partager avec vous cette opportunité qui m’est donné, moi jeune français de 24 ans qui va coacher l’équipe nationale indienne de rugby, même si c’est relatif, c’est quand même génial, je me demande si je vais pouvoir faire quelque chose d’intéressant ! 

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mardi 11 septembre 2012

Mauvais coaching? Excès de confiance? Pas assez de confiance?

Nous y voilà, l'évènement tant attendu est enfin là: les All India XVs cuvée 2012!

Voilà 4 mois que l'on se prépare pour cela et l'objectif est clair: remporter la compétition! Pour cela j'ai mis les petits plats dans les grands en faisant 3 entraînements par semaines, en faisant une sélection échelonnée et en multipliant les matchs.

A cause de ma blessure au genou, je n'ai pas pris part à la préparation en tant que joueur étant logiquement hors de la liste car cette blessure est censée être majeure. Mais au fil des semaines, les sensations sont revenues peu à peu, me permettant de trottiner, puis courir, ensuite muscler la jambe et enfin faire des appuis latéraux, le tout sans rechute et avec de bonne sensations.

Donc lorsque j'ai du annoncé la liste finale de 22 pour la compétition, s'est posé à moi un problème que j'explique dans le précédent article: dois-je jouer ou pas? A savoir, peut-être prendre un risque pour mon genou, dans une optique éthique, ne pas être équitable dans la mesure où je n'étais pas dans la liste initiale, mais à côté de cela il y avait tout le côté affectif personnellement parlant. Donc après avoir pesé les pour et les contres, j'ai mis à profit une nouvelle règle dans le règlement en me mettant en joueur de réserve dans la liste.

Donc après 25h de train, nous sommes arrivés vendredi matin à Calcutta pour jouer dimanche contre l'équipe locale des Jungle Crows. Toujours dans un souci d'équité, je prépare une équipe où le mérite par rapport à l'assiduité à la préparation et l'investissement fait alors est primordial. Je ne suis pas dans l'équipe parce qu'étant joueur en réserve, je pense que ça doit être les joueurs de la listes qui doivent jouer en priorité.

Le temps en arrivant sur Calcutta était chaud et humide mais le soleil était bien là, les matchs du samedi se sont déroulés sur un terrain très convenable, mais avant la fin du dernier match de la journée, la pluie a fait son apparition et a totalement ruiné le terrain.

C'est donc dans les même condition que l'on va joué notre match le dimanche, le centre du terrain étant devenu un vrai marais avec 5cm de boue et pas d'herbe. Cette équipe des Jungle Crows est composée d'indiens, pas forcement costauds mais très vaillants, rapides et habiles. Ils ont en renfort 2 fidjiens et 1 américains.

Ce match qui était largement à notre portée en temps normal s'est trouvé être un vrai calvaire, le terrain nivelant le niveau des joueurs, empêchant les envolées de trois-quarts et provoquant des multitudes d'en-avants. On domine toute la première mi-temps mais on ne parvient qu'à marqué 7 points alors que sur notre seule erreur de placage, les locaux marque un essai opportuniste. A la mi-temps on mène donc 7-5. La seconde mi-temps est toute aussi pénible à cause des conditions météo. Cette fois-ci, on prend la pression sur cette mi-temps. Mais paradoxalement c'est sur nos ballons que le danger vient, voulant alterner un peu, on essaye de déplacer le jeu, mais avec le ballon lourd et glissant, on commet des en-avant et on se prend un contre de 80 mètres qui conduit à un essai à 10 minutes de la fin: 10-7. C'est à se moment là qu'une pluie diluvienne se met à tomber sur nos têtes. On remet la main sur le ballon et on se remet à attaquer, et à 5 mètre de la ligne d'en-but sur un décalage sur l'aile, la dernière passe fini au sol et on se retrouve avec un nouveau contre des adversaires en poussant le ballon au pied, le retour au dernier moment d'un de mes joueurs empêche l'essai et nous donne un renvoi 22, mes joueurs ont le moral au plus bas, ils se mettent quand même à attaquer pour la dernière action. Là le coup de grâce s'abat sur nous, alors que le temps est fini, on se prend une interception qui finit en essai: score final 17-7...

C'est vraiment dur, pour les joueurs et pour moi, ça a vraiment du mal à passer, tu te demandes ce que tu as mal fait, ce que tu aurais du faire différemment, globalement, je ne peux rien reprocher à mes joueurs qui se sont donnés à font sans compter, la différence s'est faite sur des détails, un placage manqué, un en-avant, une touche pas trouvée, mais globalement on était meilleur que cette équipe, si on la joue sur n'importe quel terrain on peut les battre largement, mais ce n'était pas notre jour, pas notre match, tout le monde me parle de chance, je ne crois pas en la chance, enfin je pense que pour avoir de la chance il faut se la provoquer, on a donc pas su se la provoquer assez...

Donc suite à ce résultat, on se retrouve à jouer contre une autre surprise, l'Armée Verte (équipe B de l'armée qui était tête de série numéro 3 alors que nous étions 4) le lendemain (lundi). Soit un gros match en perspective dans les même conditions contre une équipe revancharde. Qui plus est le perdant de ce match sera relégué en 2nde division l'année d'après...

Donc pour ce match, je fais un peu tourner mon effectif et je rentre dans l'équipe en numéro 10 (mon 10 habituel ayant une douleur au poignet je l'ai fait passer à l'aile car c'est mon capitaine et j'ai besoin de lui sur le terrain).

Là je dis simplement au joueur l'enjeu du match, qui est suffisant pour les motiver sans avoir à en rajouter. Personnellement, mon genou ne me tire absolument pas, je l'ai quand même gaîné avec un bon strap.

Dans des conditions similaires que la veille, on arrive à leur mettre la pression, si notre mêlée est chahutée, notre touche est sereine et via mon jeu au pied on arrive à les mettre sous pression. A la mi-temps on mène 5-3 après qu'ils nous aient offert un essai en tapant sur notre ailier qui n'avait personne en face de lui.

En seconde mi-temps on continue notre alternance, n'hésitant pas à se faire des passes et le résultat se fait voir immédiatement, le plan de jeu est respecté et on inscrit 3 essais sur les ailes après des actions de 2-3 minutes. On gagne 22-3. Soulagement.

Je ne peux pas vous dire si le résultat aurait été différent sans moi, mais des voix se font entendre disant que j'aurai du jouer le premier match, que le résultat aurait été différent... Donc là c'est un vrai coup que je reçois, me serais-je trompé? A vouloir satisfaire tout le monde par mon coaching, aurais-je nuis aux performances de l'équipe? Devrais-je être plus autoritaire et trancher des décision plus catégoriques?

Donc il nous reste normalement 2 matchs à jouer la demi de la coupe des perdants du premier match et la finale. Gagner cette Plate est un minimum, mais je ne suis pas sur de la conduite à tenir.

En attendant on profite de Calcutta, on se repose de ces deux jours intenses physiquement et mentalement parlant.

Cette défaite du premier jour m'a vraiment mis un gros coup au moral, tout le travail d'une année qui s'enlise dans la boue et qui remet en question tout le travail fait.

Est-ce que je me trompe depuis le tout début?

lundi 3 septembre 2012

Une aventure au féminin


Avait lieu les 1er et 2 septembre la compétition nationale de rugby féminin, 1ère et 2ème division, c’est la seule occasion que l’on a dans l’année de jouer avec nos féminines. Mes féminines dont l’équipe existe depuis maintenant 3 ans avaient terminé l’an passé à une pauvre 9ème position en seconde division ce qui équivaut à une des dernière équipe du pays...

Je suis arrivé il y a un an et depuis je m’occupe avec Kuldeep d’elles. J’ai essayé de rester simple dans ce que je leur demandais en insistant sur la logique de jeu et la simplicité. Donc pendant toute l’année on a travaillé dur, certaines se sont blessés, d’autre ont pleuré, toutes ont sué et parmi elles, aucune n’a pas progressé.

Donc une semaine avant la compétition j’ai donné une sélection de 10 joueuses qui allaient partir dans l’Orissa pour participer à la compétition nationale et essayer de faire mieux que l’année passée, mais surtout vivre une expérience rugby qui les changera assurément de leur quotidien.


Le départ se faisait en train le jeudi matin pour les filles qui étaient accompagnées de William (un joueur de l’équipe) qui a fait office de manager. Personnellement, ce n’est pas très « club » mais j’y suis allé en avion le vendredi soir pour pouvoir avoir plus de temps pour préparer la compétition avec les hommes qui se profile la semaine prochaine.


Donc le vendredi soir, je retrouve les filles et William dans notre « logement » qui est au même endroit qu’en janvier quand j’étais venu avec mon équipe B pour disputer la seconde division masculine : dortoir et salle de bain commune pour toute l’équipe, matelas en polystyrène de 3cm d’épaisseur et moustiques à gogo !

Immédiatement, je vais à la réunion des coachs où je retrouve des visages connus dont Nasser Hussein le fameux capitaine de l’équipe d’Inde qui travaille pour l’IRFU… Là je découvre le « tirage », on est 9 équipes dans la division 2, réparties en 3 poules, les équipes à l’issus des matchs de poules seront classées de 1 à 9, les rangs 8 et 9 feront un match de barrage et le vainqueur complètera le tableau final des quart de finale. Dans notre poule on retrouve Bangalore qui fait un peu tache dans la division car c’est une équipe de première division qui a 4 joueuses de l’équipe d’Inde mais vu qu’elles n’étaient pas présentes l’année passée, elles ont été mise en 2nde division, donc en plus de ce gros poisson, on se retrouve avec Uttarakhand qui est une région indienne où là filles jouent au rugby depuis… 10 jours !

Retour avec les filles, je les briefe,  j’établie les règles du groupe et annonce le programme de la journée suivante. L’ambiance est bonne, les filles sont contentes d’être là et motivées pour la compétition.

Le réveil théorique le samedi matin était à 7h, certaines filles sont réveillées à 5h… Et biensur comme les garçons ces dernières ne connaissent pas le respect des gens qui dorment et foutent un sacré bordel à papoter et faire des aller/retours dehors.  Bref, à 7h tout le monde émerge, on va déjeuner et ensuite se préparer, match à 9h20 contre Uttarakhand.


Même si je sais que c’est une équipe à notre portée, je veux quand même nous rassurer et je mets une grosse équipe pour jouer, les filles sont concentrée, l’échauffement est studieux, j’insiste comme depuis plusieurs jours sur la notion de groupe, de jouer toutes ensembles. Résultats : elles me font un match très propre contre une équipe qui ne connaissait pas le sport il y a dix jours, c’est normal vous me direz, mais elles jouent ensemble et ne rentre pas dans la facilité. Cela me permet de donner du temps de jeu à toute et économiser mes cadres, score final 44-0 (qui restera le plus gros score de la compétition les deux divisions confondues).


Prochain match à 15h, j’envoie mes joueuses se reposer. Pendant ce temps, j’arbitre 2-3 matchs et sympathise avec les différentes équipes encourageant les jeunes filles et discutant avec les coachs.

14h, je retrouve les filles pour notre finale du jour, elles rentrent vraiment bien dans leur préparation, c’est un match particulier pour moi car c’est mon ancien club et d’autant plus pour Rani de mon équipe car elle jouait encore là-bas il y a 3 mois et elle s’est décidé au dernier moment de jouer avec nous. Bangalore a battu Uttarakhand 39-0 et comme je l’ai dit plus haut fait figure de favorite de la division 2. Mes filles que j’ai bien préparé et remonté, me sortent un super match, marquant de super essais collectifs, on menait 15-0 quand j’ai fait tourner mon effectif, les filles de Bangalore marquant un essai tardif, le score final est de 15-5. Nous sommes classé première équipe à l’issu des poules, tout le monde est surpris de notre niveau et les filles sont folles de joie, on se prend à croire à une victoire finale…

On finit la journée tranquillement jusqu’au dîner.  C’est à ce moment qu’une dispute éclate entre deux filles du groupe, les deux se séparent en pleurant… Alors  en coach soucieux, je veux savoir ce qu’il se passe, je vous avouerais que je n’ai pas tout compris, il y avait une troisième fille dans l’histoire et il y avait une grosse incompréhension car toutes voulaient arriver au même point… Elles ont fini finalement en larme à se serrer dans les bras et à se dire pardon… Bref, tout est bien qui finit bien… On passe le reste de la soirée à faire un petit jeu et à 22h extinction des feux.


Cette fois-ci les filles ont compris et respectent le sommeil des autres. Notre match est à 10h et se fera contre le Rajastan qui a battu Uttarakhand. Etant une équipe modeste, j’en profite pour faire tourner mon objectif et faire jouer les filles qui joueront moins par la suite. J’insiste beaucoup en préparation sur le fait que l’on n’est pas arrivé, tout repart de 0, aujourd’hui c’est un nouveau jour. Malgré cela on fait un match poussif, où chacune veut faire la sienne, elles ne jouent pas ensemble et il y a peu de soutien, on gagne quand même 20-5 mais on perd beaucoup sur ce match, mon ailière titulaire, Priya qui est la fille la plus rapide de l’équipe et qui jusqu’à présent avait marqué 4 essais en 2 matchs s’est blessé assez sérieusement à la cheville…


C’est un gros coup dur pour l’équipe, les filles sont vraiment déçues pour elle mais on a l’espoir que ça aille mieux plus tard dans la journée… On se prépare ensuite à jouer la demi-finale contre l’équipe des Magicians de Bombay, sur ce match pour ne pas reproduire les erreurs du précédent je demande aux filles de jouer ce match pour les autres, pour toutes les personnes autour d’elle,  je les sermonne qu’elles n’ont pas le droit de jouer seule ou de laisser une copine toute seule. Le match est très appliqué, de sorte que les filles de Bombay n’ont pas touché une balle de la mi-temps, cependant on ne mène que 5-0 car on s’applique trop et on n’est pas tranchant, je règle un peu la mire en seconde période et on atteint la finale en gagnant 22-0, finale que l’on jouera contre… Bangalore!

Hélas Priya ne se remet pas de sa blessure qui même commence à gonflé, j’espère que ce n’est pas trop grave… Cette nouvelle touche énormément les filles, qui sont vraiment anéanti pour Priya car si une fille mérite de jouer c’est bien elle car elle est exemplaire aux entrainements et dans le groupe.


C’est sur cette note que j’attaque mon dernier discours avec les filles, et c’est aussi avec émotion que je le fais car c’est mon dernier match avec elles et j’ai une petite pointe au cœur car elles sont vraiment attachantes et sincères. Certaines ont les larmes aux yeux pendant mes mots, mais toutes savent ce qu’elles ont à faire le moment voulu. 


Le match commence de la meilleur des manières, on arrive à mettre les filles du sud de l’Inde sous pression et on parvient à marquer un essai plein de roublardise par notre 9 Babli qui prend un petit côté. L’essai est transformé. Peu avant la mi-temps, sur une balle au large, l’ailière adverse que Priya avait muselé au premier match se sent pousser des ailes et fait marcher sa vitesse pour se retrouver 60 mètres plus loin derrière notre ligne d’en-but… Mi-temps : 7-5. Les filles sont encore dans le match même si je sens que le doute est présent, je leur dit de tout donner. Peu après la reprise, la même ailière refait marcher la poudre et finit sa course de 50 mètre en terre promise : 10-7. C’est alors le tournant du match, suite à une série de pilonnages, Neha arrive à s’extirper d’un plaquage et prend l’intervalle, elle n’a plus qu’à courir les 30 mètres qui la sépare de l’en-but. Mais c’était sans compter sur la défense adverse qui la reprend à 10 de la ligne, le soutien étant en retard, Neha doit lâcher la balle, et sur la même action, le ballon part à l’aile, et notre bourreau du jour, se retrouve 90 mètres plus loin pour nous achever, 15-7, la messe est dite. Priya est en pleure car elle sait très bien que si elle avait était là, l’ailière adverse n’aurait pas autant brillé, mais c’est le sport, la déception ravalée je rassemble les filles et leur dit qu’elles  n’ont pas à rougir, qu’elles ont tout donné et que par rapport à l’an dernier c’est énorme leur marge de progression, et qui plus est, en atteignant la finale, elles accèdent à la 1ère division où elles ont largement leur place.


La finale de la première division est remportée par l’équipe de Pune, qui est assez impressionnante, plusieurs joueuses de l’équipe sont en équipe d’Inde et ça se voit, elles ont une aisance technique, une vitesse d’exécution et une agressivité qui rendrait jalouse plus d’une équipe  masculine dans le pays.

La remise des prix suit la dernières finale, les filles sont contentes malgré tout, elles ont retrouvé le sourire et la cerise sur le gâteau vient quelques minutes après avec l’annonce des sélectionnées pour un camp d’entrainement à l’équipe d’Inde en vue d’un tournoi qualificatif à la prochaine coupe du monde féminine à 7, dans cette liste figurent Namita, Babli, Rani, Neha, Sonam et Priya, excepté pour Rani, c’est la première fois pour chacune d’entre elles, elles sont folles de joie et je les comprends, ça récompense tous leur efforts et sacrifices, et ça récompense le club aussi car avec 6 présélectionnées, c’est les second club le plus représenté derrière Pune !


C’est sur cette bonne nouvelle que je dois quitter les filles pour l’aéroport, retournant sur Delhi le soir même pour pouvoir me préparer pour la compétition masculine qui commence cette semaine.


A ces filles qui ont entre 15 et 23 ans, qui sont toutes étudiantes où lycéennes, qui font 2 fois par semaine 3h de transport en commun pour venir aux entrainements et en repartir, celle-là qui sont parfois en conflit avec leur famille qui ne veulent pas qu’elles pratiquent ce sport , à Babli, Priya, Namita, Rani, Neha, Deepika, Jyoti, Sonam, Sangana, Gohar mais aussi Nivrati, Ria, Vanni, Laxmi et Babita, à ces filles je veux dire un grand Merci car je viens de passer un weekend et une année avec elles qui restera gravé longtemps dans ma mémoire, car elles sont la simplicité et la pureté incarnées, elles ne pensent pas à mal et cherchent simplement à vivre des moments dans l’instant sans arrières pensées seulement être avec des personnes qu’elles aiment et faire des choses qu’elles aiment. Hélas pour la plupart d’entre elles avec l’âge viendra le mariage et elles arrêteront le sport pour s’occuper de la maison, elles vivent dans une société qui ne leur laisse pas beaucoup de choix mais maintenant qu’elles sont jeunes elles en profitent un maximum et ne pensent pas à demain et je pense que c’est ce qu’on doit retenir de cela, profiter des moments que l’on passe avec ceux que l’on aime, à faire ce que l’on aime car demain sera un autre jours, donner sans compter, sans attendre rien en retour et recevoir quand même 10 fois plus.

Je ne sais pas si je suis pour beaucoup pour ce qu’elles sont aujourd’hui au niveau rugby, je ne sais pas si elles n’y seraient pas arrivées sans moi (surement),  si Sonam, Rani, Neha, Namita, Babli ou Priya vont atteindre l’équipe d’Inde, mais je pense avoir réussi à apporter un peu de bonheur à ces filles, et c’est ce qui aujourd’hui me serre le cœur car je serais arrivé à faire quelque chose, à apporter un minimum à ces filles pour qu’elles s’élèvent personnellement et peut-être qui sait arriveront à représenter un jour leur pays !

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lundi 20 août 2012

Le mois de vérité!

Comme évoqué dans un précédent article, j'ai avancé mon départ, ce dernier se fera le 24 septembre. Donc il reste grosso modo un mois avant mon départ, mais quel mois!

Tout d'abord, le 26 août, j'organise un évènement visant tout le monde, à savoir un tournoi de rugby touché qui a pour thème la Coupe du Monde de Rugby, donc pour le moment la Nouvelle Zélande, l'Australie, la France mais plus surprenant, l'Inde, le Mexique et d'autre pays ont déjà enregistré leur participation. J'espère regrouper plus d'une centaine de personnes entre joueurs et non-joueurs, jeunes, anciens, filles et garçons, le but étant de s'amuser et de renforcer la communauté Delhi Hurricanes.

Ensuite, je m'envole le vendredi suivant pour l'Orissa et Bhubaneswar où j'étais déjà allé en janvier pour la compétition nationale de seconde division masculine. Cette fois-ci j'y vais avec les filles qui pendant le weekend du 1er et 2 septembre vont disputer leur seule compétition annuelle, elles sont enregistrées en 2nde division, et je pense que l'on a le niveau pour atteindre la première division en remportant cette compétition.

Rentré le dimanche soir, je repartirais le jeudi, cette fois-ci par les rails en direction de Kolkata (Calcutta) pour disputer le point d'orgue du rugby indien, la seule compétition de "haut-niveau" dans le pays qui se disputera du 8 au 15 septembre: les All India XVs, la compétition nationale de 1ère division qui est depuis mon arrivée mon objectif principal, j'ai pour but de la remporter car je pense avoir un groupe capable de le faire.

Ça fait 3 mois (depuis début juin) que la préparation a commencé avec une sélection progressive passant d'un groupe de 40 joueurs en juillet, à un groupe de 30 en août, la liste finale de 22 sera donnée le jour du tournoi de touché.

Cette liste vous pouvez vous l'imaginer, c'est un vrai casse-tête, tout d'abord de part le nombre de joueurs que je peux prendre: 22, on s'apprête à disputer 4 matchs en l'espace de 9 jours et l'on ne peut avoir que 22 joueurs à notre disposition sans joueurs en réserve en cas de blessure, c'est vraiment stupide mais la fédération n'en fait qu'à sa tête, cependant on est en train de les titiller sur le règlement en leur demandant de nous présenter un exemplaire du règlement officiel de la compétition disant cela, en Coupe du monde où certaines équipes disputent 4 matchs en 3 semaines et demi, les groupes sont de 30 joueurs et nous pour un peu plus d'une semaine et le même nombre de match, on ne peut en avoir que 22, cherchez l'erreur.

Ensuite, un dilemme se pose à moi, comme vous le savez, mi-juin soit il y a deux mois, je me suis blessé au genou: diagnostic indien: rupture du ligament latéral interne, ligament croisé antérieur un peu touché et ménisque endommagé, d'après les médecins indiens, d'abord je ne devais pas me faire opérer, 2 semaines plus tard je devais passer sur le billard, bref, des girouettes, en demandant à un ami kiné qui en a parlé dans son entourage, il m'a dit qu'une rééducation suffisait, donc je ne me suis pas fait opérer et j'ai fait un peu de rééducation (à l'indienne donc doucement doucement) et le temps a passé, et depuis je n'ai pas rejoué. Mais peu à peu je me suis remis à trottiner lors des séances, le genou au fil des semaines tirait de moins en moins, et il se trouve qu'aujourd'hui, la douleur n'a pas disparu totalement, elle persiste un peu avec la fatigue ou quand je sollicite beaucoup les ligaments endommagés, aussi quand je suis en flexion complète (ménisque), mais elle ne m'handicape plus, je peux courir, faire des appuis latéraux (sans pour autant insister trop) et même faire de la presse (15x120kg sans douleur). Après le plus gros handicap reste dans la tête (non non gardez vos blagues), le traumatisme de la blessure est encore là et m'empêche encore de me donner à 100%, mais j'imagine qu'avec un bon strap, cette bride mentale pourrait voler en éclat. 

Donc après ma blessure, logiquement, je me suis sorti de la liste des sélectionnables, et aujourd'hui, plusieurs (quasi-tous) me disent que je dois jouer, car même sur une jambe et sans prétention, l’expérience que j'ai et ma connaissance du jeu me permettent de rester un atout. Là se pose un nouveau problème: dans l'effectif de 22 pour les All India, on ne peut avoir que 4 étrangers (dont deux max sur le terrain)(pour limiter les équipes de mercenaires et encourager la formation indienne (en gros comme la réforme JIFF en France), ce qui a du sens), et dans la liste de 30 j'avais déjà les 4 étrangers: Dave, pilier de 40 ans Néo-Zélandais qui me mène mon 5 de devant de main de maître, Florian, 3ème ligne de 31 ans Français, qui a joué au Mexique et qui a une bonne expérience du rugby, assez mobile et joueur de ballon, Paul, centre australien de 29 ans qui sous ses airs de piliers est assez précieux au centre tel un Bastaraud, il est solide en défense et a une force de pénétration intéressante que l'on avait pas au centre de l'attaque jusqu'à présent (les indiens manquant cruellement de poids), et Fred, français de 28 ans qui joue en seconde ligne, il est le seul seconde ligne de l'équipe poussant correctement en mêlée et a le vice qui est rare ici pour gratter les ballons ou embêter le pilier adverse, mais hélas il est à court de forme, et je crains qu'il ne tienne pas plus de 20-25 minutes à haut niveau sur un match où l'on doit enchaîner les mêlée et jouer sur terrain gras. Donc si je devais prendre la place de quelqu'un ce serait celle de Fred, ça m'embête un peu car cette compétition lui tient à coeur et c'est un ami avant tout, mais aussi parce que j'ai l'impression de faire une sorte d'abus de pouvoir de par ma position en contournant les règles que j'ai moi-même établit (liste des 30 où je n'étais pas), mais en parlant avec divers joueurs pour connaître leur point de vue, ils me disent que dans la mesure où je n'ai pas manqué d’entraînements non plus et que je serais une plus-value à l'équipe, ce n'est pas un abus de pouvoir.

Je ferais mon choix quant à cela après le tournoi de touché dimanche où je me testerai (je ne préfère pas faire de contact si je n'ai pas une protection digne de ce nom pour le genou). Pour le reste de l'équipe j'ai quasiment tous les noms, quelques incertitudes résident et samedi on fait un gros match de sélection et de préparation pour finaliser les choix, pour ce match, je vais essayer de faire venir des gens extérieurs au club (étudiants jouant pour l'équipe du Kashmir mais qui étudient à Delhi, anciens joueurs de l'autre équipe de Delhi), pour que l'on puisse pour une fois avoir des joueurs en face de nous que l'on ne connaisse pas et que l'on puisse se lâcher un peu.

Donc voilà, c'est la dernière ligne droite avant le départ, on va voir sur le terrain si j'ai pu faire de ces joueurs courageux que j'ai rencontré il y a un an, une équipe soudé et qui joue et se fait plaisir sur un terrain de rugby, honnêtement je serais déçu si on ne gagne pas mais il ne faut pas que je m'arrête au résultat, faut que je vois la manière, toutes ces valeurs, cette passion que j'ai essayé de leur transmettre pendant un an, c'est ça que j'aimerai retrouver sur et hors du terrain pendant cette compétition. Que je joue ou pas, ce n'est pas la question, c'est plus une plaisir égoïste qu'autre chose, l'important c'est qu'ils trouvent dans le rugby un moyen de s'exprimer, et qui sait un jour de pouvoir être récompensés de tous leurs investissements.

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